Un homme traverse des paysages, campagnes, villes et villages. Il cherche quelque chose. Il cherche ce qu’a vu un autre homme, aux mêmes endroits, cent ans auparavant. L’homme, le cinéaste, c’est moi. L’autre homme c’est Léon Poignant, mon arrière-grand-père.
Léon Poignant est instituteur dans un petit village du Pas-de-Calais, lorsqu’il est mobilisé comme sergent pour aller combattre sur les fronts de la Grande Guerre : le Nord, la Belgique et enfin l’Est. Un parcours mythique dans la famille, mais finalement peu raconté, le silence alimentait le mythe et mes questions sur l’homme et son histoire. Jusqu’à ce que ma mère me transmette récemment sa correspondance et son carnet de route, qui précisent le lieu et la cause de sa mort et dévoilent son drame personnel à l’intérieur du drame collectif. Et surtout j’y découvre une obsession pour la nature et une importante description des paysages malmenés par la guerre.
Muni de ces documents, je pars à la recherche de son itinéraire d’Arras à Verdun, espérant retrouver sa sépulture. Le film devient une quête sur les traces d’un fantôme et les lieux précis qu’il a traversés : sa voix éteinte renaît grâce à la lecture de son carnet et de sa correspondance mise en relation avec les paysages d’aujourd’hui. C’est une réponse à sa question, qui surgit entre deux combats : « Quel sera le paysage dans 100 ans ? »
29 août : le jour de la Saulx
Justine Boschiero
21' - 2024